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  • Photo du rédacteurLéa Masson

COMMUNA - Maxima


COMMUNA



Introduction

Les villes évoluent


Contexte


Bruxelles, c’est environ 6,5 millions de m² de bâtiments vides: une superficie équivalente à la commune d’Ixelles. Ce constat expose l'immense champ des possibles qui s’offre aux initiatives d’occupation à court et long terme. C’est là que s’inscrit Communa: née en 2013, l’ASBL place l’occupation temporaire au centre de ses valeurs dans la région de Bruxelles capitale, un mode coopératif de partage des espaces permettant à des lieux vacants d’être occupés de manière légale par le biais d’un contrat avec les propriétaires des lieux.


Le projet Communa, comme son nom l'indique, a pour maître mot le “commun” et se veut donc une organisation commune et collective. Représentée par un collectif porté par différentes initiatives, parmi lesquelles on retrouve notamment Toestand, la fédération féBUL, le Bral, et 123 logements, l’ASBL compte parmi les acteur·ice·s conséquent·e·s du milieu de l’occupation temporaire. Celleux-ci portent le projet de “La 20ème commune” sous la forme d’un manifeste commun mettant en lumière la potentialité des milliers de mètres carrés inutilisés ou abandonnés qui nous entourent à Bruxelles. Cet outil de développement de la ville a donc pour vocation de répondre au besoin des citoyen·e·s et des habitant·e·s. L’occupation temporaire à finalité sociale se développe alors et s’oppose à l'occupation temporaire lucrative qui s'articule de la même manière mais dans le but de créer de la plus value économique autour de lieux qui pourraient bénéficier du projet défendu par la “20ème commune”.




Le lieu comme vecteur de réflexion


Communa s’engage donc pour une ville plus inclusive, démocratique, résiliente et créative au travers des liens sociaux que leurs différents espaces d’occupation impliquent: on y compte notamment la Buissonnière, le Tri Postal, AbC, le 70-treize ou encore la Serre ainsi que d’autres organismes parties prenantes de cet écosystème propre à Communa. Cette synergie incubatrice de projets collectifs redéfinit la ville et la questionne d’une manière contemporaine: on y trouve des habitats groupés, des initiatives d’insertion par le logement des porteurs et porteuses de projets sociaux, artistiques, culturels et d’économie sociale…Bref, une pluralité de personnes et projets très différents, souvent complémentaires partageant le point commun d'œuvrer pour l'intérêt collectif.


L’impact sociologique de ces démarches s'alimente également d’une volonté de changer plusieurs aspects du système par le biais de l’implication sociétale en passant par des changements aussi bien à longs qu’à courts termes. L’augmentation des prises de conscience, réflexions sur des questions telles que celle de la migration, des conditions de la femme ou encore du sans-abrisme se trouvent notamment au coeur du débat mené au sein de Communa. C’est aussi ça l’occupation temporaire: amener des possibilités de débat sur des sujets non seulement humains mais surtout implicitement sensibles, sociétaux et contemporains.

 


Les recherches

Le fonctionnement de Maxima


Notre entrée dans l’analyse de la médiation culturelle a concentré notre recherche sur le lieu de Maxima. Il s’agissait de comprendre sa structure et son fonctionnement internes comme externes, indépendamment d’une approche classique avec un retour de la part des bureaux de gestion. De manière autonome nous avons alors commencé par nous immerger dans le lieu pour rencontrer différents acteurs qui disposent de locaux au sein même de Maxima, tout comme des visiteurs qui viendraient découvrir l’espace et ses occupants.


L’approche autonome à eu de nombreux avantages comme la liberté de s'intéresser à certains projets, ou une intégration beaucoup plus humaine qu’un rapport académique d’étudiant·e·s. Le seul inconvénient d’une telle synergie est qu’elle implique un manque de temps totalement justifié au vu de la quantité de responsabilités qu’à l’équipe Communa.


Entre le premier appel à projets lancé en 2017 à la Serre et les derniers lieux en date, le processus de choix des occupant·e·s a bien évolué. Les seuls éléments qui sont restés constants sont la participation du quartier et le critère d’intérêt collectif. Convaincu·e·s que l’individu est toujours le plus à-même de décider pour lui-même, ces processus sont devenus de plus en plus horizontaux pour progressivement remplacer l’appel à projet par l’appel à communs. Ainsi, aujourd’hui, toutes les personnes qui manifestent de l’intérêt pour investir un lieu sont invitées à s’asseoir ensemble. Lors de discussions sur les espaces disponibles, les besoins du quartier, les synergies possibles… les projets qui ne correspondent pas s’écartent, tandis que les autres embarquent dans le bateau.


Le processus apparaît de prime abord comme radicalement démocratique : ce sont les personnes elles-mêmes qui décident de qui va constituer la communauté d’occupant·e·s.

De même que ce ne sont pas uniquement les personnes en mesure de rédiger un dossier d’appel à projets qui sont invitées à participer. Toutefois, cette approche soulève de nouvelles questions. Le rôle de Communa est alors d’être extrêmement sensible aux potentielles conséquences involontaires et de réévaluer continuellement le processus. Pour favoriser une participation véritablement équitable, il est indispensable de varier les formats de discussion et d’en assurer la bonne facilitation : tantôt les échanges se font en groupe, tantôt par écrit, tantôt en face-à-face…Livrés à nous même par la suite, nos questions se sont centrées autour du nombre de projets hébergés à Maxima, sur l'analyse de la médiation culturelle du lieu et enfin sur l'aide aux citoyen.nes pour la mise en place de projets.



 


Les observations


Actuellement, l’ASBL Communa a décidé de se recentrer sur ses projets en cours. On parle ici de plus ou moins 80 projets qui concernent autant des activités de sport, d’art et culture, d’éducation, d’économie circulaire, d’artisanat, et l’un des projets qui vient de voir le jour qui est l’accueil d’un hébergement collectif de femmes au sein de la structure. Autrement dit, 7000 m2 au service du bien commun à chapoter de A à Z.


La gouvernance horizontale, la solution?


En ce qui concerne la médiation culturelle, Maxima se base sur l’ensemble de ses occupant·e·s pour attirer un public concerné. Une fréquentation du quartier à finalité communautaire s'est donc formée au cours des années. Anaëlle, notre personne de contact sur place, nous a confié pour Maxima ainsi que l’ensemble de Communa, une volonté sur le long terme d'accroître leur médiation au sens large. Malgré cela, le temps est une ressource rare. Même si l’équipe reste conséquente avec environ une vingtaine de postes fixes et un nombre considérable de personnes s’impliquant dans le projet de manière volontaire, une telle évolution demanderait la création de nouveaux postes ou un investissement plus conséquent dans les réseaux sociaux et sur le terrain. Cela ne se présente pas comme une priorité aujourd'hui. En sachant que la gouvernance de Communa se veut horizontale, il est important de prendre le temps pour chacune des décisions qui vont avoir un impact fort sur l’image et la stratégie de développement de l’ASBL. Une gouvernance partagée en constante évolution se voit être une force mais aussi une position qui ralentit certains processus.


Un programme au format papier imprimé chaque mois renforce considérablement l’esprit communautaire. Ce programme rappelle l’ensemble des activités présentes au cours du mois à venir ainsi qu’un petit texte sur les principes et les volontés du lieu. Les autres médiums qui permettent de communiquer sur ce lieu sont les réseaux sociaux: des groupes privés sur Maxima ou sur toutes les activités de l’ASBL Communa. Sans oublier le site, qui rassemble les données ainsi que les points de contact officiels vers l’ASBL.


L'hébergement collectif de femmes a pris place au sein de Maxima dernièrement, une initiative prioritaire qui a nécessité une forte mobilisation des personnes à la gestion ces derniers mois. Cela a implicitement pris le pas sur la gestion interne du lieu. C’est pour cette raison qu’il est primordial que les occupant·e·s présent·e·s sur le site aient une forme d’autonomie, “qu’iels se sentent chez eux·elles car iels sont chez eux·elles” -Anaëlle.


C’est un cercle vertueux qui permet d’arriver au bout de projets de grandes ampleurs tout en gardant un contact avec le public extérieur par le biais des échanges internes. Une organisation d’économie sociale ne se veut en aucun cas dans le contrôle permanent de tous les points réunissant leurs visibilité et leurs actions, mais bien au contraire, elle compte sur la force du collectif pour aboutir à son évolution spontanée et sincère.



3 sphères de médiation

interne - intra-communautaire - avec les publics


Nous sommes arrivés à cette première conclusion: la médiation de Maxima fonctionne à travers 3 sphères. La première étant la médiation interne à l’équipe de Communa. C’est le noyau central de l’ASBL auquel nous avons eu très peu accès, ne pouvant pas assister à leur réunions hebdomadaires, iels étaient très peu disponibles pour nous. Cela a été un frein à notre avancée. La deuxième sphère se trouve entre Communa et sa communauté (dans ce cas-ci la communauté Maxima). On parle ici de la gestion du lieu avec et entre les occupant.e·s ainsi que le fonctionnement à l’échelle de tout Maxima. La troisième et dernière sphère n’est autre que la médiation culturelle des projets hébergés à Maxima avec leurs publics, à l’échelle du quartier. C’est d’ailleurs via cette troisième sphère qu’a lieu la vraie rencontre entre Maxima et son public : non pas par l’intermédiaire de Communa, mais bien par celui des projets hébergés par Communa.


Ce constat a orienté la suite de notre projet et nos observations. N’ayant pas accès à la première sphère et concluant que Communa ne trouve pas le temps pour entretenir une médiation directe avec son public, nous sommes donc allés à la rencontre des projets hébergés au sein de Maxima pour comprendre comment se passe le rapport Communa et occupant·e·s, et le rapport occupant·e·s et publics du quartier.


 


L'analyse des projets hébergés


Nous avons rencontré 4 porteur·euse·s de projets au cours de nos visites.


Le premier était Abdel, un coach de taekwondo. Il donne des cours de taekwondo accessibles aux enfants des quartiers aux alentours des lieux, à un tarif social de 180€ par an. Il nous a expliqué qu’iels occupent cette salle en échange de services rendus pour l’entretien des locaux de Maxima.





Nous avons aussi eu l’occasion de rencontrer le collectif à but non-lucratif “Cycl.One”, qui réutilise et recycle des matériaux souples pour leur donner une seconde vie. Iels sont unanimes sur le fait que sans ce nouvel espace, iels n’auraient jamais pu se développer et s’épanouir de la même façon.





Ensuite nous avons rencontré Carolina, qui travaille sur ses différents projets de couture dans le même atelier que Cycl.One. Carolina est une jeune femme dont la situation admistrative est assez compliquée (pas de papiers belges). Elle nous a confié qu’elle n’était pas du tout intégrée chez Maxima et qu’on ne lui avait jamais proposé de participer à une de leur réunion concernant l’organisation du lieu.





Le dernier projet que nous avons découvert est le studio de musique. L’ASBL Artistory occupe un grand local dans une aile de Maxima. Ils ne se limitent pas à la musique, grâce aux différentes compétences de tous leurs membres, iels font des courts ou longs métrages, de la danse, du théâtre, de la peinture, tout ce qui représente de l’art à leurs yeux.


Quelle appropriation des espaces?


L’appropriation des lieux de Maxima par les publics nous a beaucoup posé question au cours des rendez-vous sur place. Nous avons observé différentes situations : certains projets arrivent facilement à rencontrer et collaborer avec d’autres personnes, et ressentent une certaine satisfaction à se trouver dans ces lieux. Cependant, tout n’est pas fluide et il n’en est pas de même pour tous les projets hébergés. Certains locaux mis à disposition ne sont que rarement occupés par certains groupes concernés, ce qui bloque des places pour d’autres projets réellement intéressés. Malgré la collaboration entre différents projets, il persiste un manque de coordination entre tous les groupes.

Un autre frein notable à cette appropriation est le manque d’information de la part de Maxima, en effet les horaires disponibles en papier et sur le site internet ne reprennent pas les horaires de tous les projets et ateliers. Cela pose aussi problème en ce qui concerne les rapports entre les projets et leurs publics, ce manque d’informations empêche de s’y rendre librement.


 


Conclusion


Communa ne fait pas, ou très peu, de médiation culturelle. Au-delà de l’accueil des projets et de la grande kermesse annuelle, il n’y a pas de médiation culturelle directement engendrée par leurs intentions, celle-ci est nourrie de l'intérieur.

Les projets hébergés attirent leurs propres publics. La manière de les intégrer relève des valeurs que l’ASBL défend ainsi que de l’affinité des responsables vis-à-vis d’une demande ou d’une autre.


Nous avons constaté un confinement de projets vers un public niche au vu du manque d’informations et de visibilisation. Cet aspect de notre analyse a donc soulevé une problématique qui va complètement à l’encontre des valeurs revendiquées de gestion participative ou de démocratisation de lieux occupés de façon temporaire par des publics variés.


La connaissance de ces lieux d’initiatives reste malheureusement toujours liée à un certain public aisé et cultivé de la ville, sensible aux initiatives citoyennes et sociales.

Les personnes ou porteur.euse.s de projets peuvent être issus de groupes sociaux dits plus précaires mais ils restent quand même en second-plan dans l’accessibilité proposée.

Il est difficile de critiquer un aspect si complexe des choix de médiation culturelle au sein d’une ASBL comme Communa car, comme dit précédemment, leur idée n’est autre que de faire confiance à la force collective pour engendrer une participation et implication active de la part des publics.


Article écrit par Thiébaut Grivel, Victor Stokart, Perrine Suhorochko, Michelle Urquiza, Anna Sophia de Chavagnac, Juliette Bayot, Louise Barreau et Léa Masson.













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