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  • Photo du rédacteurLéa Masson

LE MONTY



INTRODUCTION

Le Monty c’est quoi ? (Historique) :


Le Monty tel que nous le connaissons aujourd’hui était encore il y a une dizaine d’années un cinéma laissé à l’abandon, situé en plein cœur de Genappe. Depuis 2001, le Tof Théâtre, dirigé par Alain Moreau, produit des spectacles de marionnettes dans ce même lieu. En 2012, le Monty ferme pour des raisons de normes de sécurité non conformes à l’accueil d’un public.

La compagnie continue cependant de répéter et de créer dans ce lieu en chantier. En 2017, Alain Moreau devient l'usufruitier du bâtiment pour une période de 15 ans minimum. De gros travaux y sont alors réalisés à l’aide de l’intervention des citoyens Genappiens sous forme de chantiers participatifs. Par la suite, Alain crée l’asbl “le Monty”, afin de diversifier les activités proposées par le Tof. C’est donc depuis le 7 septembre 2018 que le Monty est accessible à toutes et à tous.

Même s’il existe d’autres lieux culturels à Genappe comme le centre culturel, le Monty reste le plus actif et le plus emblématique de la ville. On y retrouve une salle de spectacle de 150 places, un espace de coworking, une épicerie collaborative, un bar citoyen, un ciné-club et bien plus encore. Ici, l'initiative citoyenne est importante. Ainsi, toute personne peut y proposer son projet. C’est aussi un lieu de médiation culturelle, qui favorise la participation et la mixité sociale, ce qui permet de créer des liens, des échanges et de développer des connaissances. Cela se fait souvent à l’aide d’un médiateur culturel, dans ce cas-ci, Pierre Seraille, qui y est aussi le seul salarié.

Il y a beaucoup d’intervenant.e.s dans la gestion du Monty. Bien que Pierre soit le noyau dur de cet endroit, beaucoup de bénévoles et de porteur.euse.s de projet tournent autour de lui. De plus, le lieu physique du Monty est un élément incontournable quant à la mise en place des différentes activités. Sur base d’observations sur place, la problématique que nous avons construite est la suivante : Comment la médiation culturelle s’articule-t-elle à travers le lieu et le médiateur du Monty ?


LE LIEU


Effectivement, la pandémie a imposé l’isolement aux lieux culturels. Cependant, elle a permis de révéler un certain foisonnement citoyen pour le “re-faire ensemble”, mais aussi pour l’importance de la culture. Les manifestations lors de la crise ont mis en lumière ces lieux-tiers de la vie comme primordiaux et indispensables pour les besoins de première nécessité, autant matériel, affectif, que culturel. Et c’est particulièrement pour cette cause que le Monty a organisé en février 2021 un concert sur son toit, pour dénoncer le droit et l’accès à la culture pour tous et de tout temps.

Le Monty, un extra (-Tiers-Lieu-) ordinaire

Le Monty est un tiers-lieu ; un concept développé par Ray Oldenburg, sociologue
urbain américain, dans sa thèse rédigée en 1989, “the great good Place”. Il y qualifie le tiers-lieu comme le troisième lieu de vie, après la maison et le lieu de travail. Le Monty est plus précisément un tiers-lieu d’activité rurale citoyenne et culturel. Il permet le partage de valeurs communes, d'entraide interdisciplinaire et intergénérationnelle, notamment par le biais d’initiatives citoyennes. Il entremêle la culture artistique, populaire et la co-participation. Le Monty remplit amplement les huit caractéristiques définies par Ray Oldenburg pour identifier le tiers-lieu. Emprunt d’une pensée utopiste et humaniste, le Monty se veut être un terrain neutre. Il base sa fluidité de communication sur la confiance, l’hyper-proximité et le respect. Il est composé d’un noyau dur animé par Alain Moreau et Pierre Seraille autour duquel gravitent le personnel réduit et ses usager.ère.s polymorphes. C'est un espace accessible, accommodant et ouvert à tous. Chaque usager et usagère peut y trouver son compte. Aucune hiérarchie ne s’impose sur les liens entre les usager.ère.s, pas même le statut professionnel entre les différent.e.s employé.e.s. Il est donc un lieu humble et singulier permettant de réinventer et d'innover l’art du théâtre d’objet. Il y règne un esprit familial et atypique, une ambiance accueillante, chaleureuse et conviviale, et ses usager.ère.s le considèrent comme une maison hors de la maison.

Monty, un lieu médiateur anthropomorphe


Le Monty semble vivre par lui-même. Nous nous sommes donc interrogé.e.s pour savoir si le lieu ne serait pas un médiateur à part entière. C’est un lieu animé et autonome. Il est à la fois discret et indispensable, omniprésent et invisible. Le lieu nous invite à là rêverie, à échanger, à partager avec lui, à voyager au travers son histoire et à y faire partie. Il est un médiateur de l’art de vivre, de la culture, du partage et de la solidarité. Il est aussi un facilitateur de liens affectifs, amicaux. Le Monty est donc un médiateur du vivre ensemble. Mais le réel (outils-)médium qui permet au Monty de faire médiation est la marionnette. Ce n’est pas un hasard si, lorsque nous rentrons dans le Monty, nous sommes directement accueilli.e.s par Léon le bénévole. D’autres marionnettes sont placées à l’intérieur, et bien que cela peut sembler surprenant, elles sont animées par l’esprit du Monty. Elles permettent un dialogue métaphysique et mystérieux entre le lieu et les usagers. Lors des événements et spectacles, comme les manifestations pendant la pandémie, les marionnettes s’animent et communiquent d’autant plus. Elles sont profondément ancrées dans le lieu et permettent magiquement de lui donner parole.

Le Monty porte d’ailleurs un nom des plus singuliers. Monty, comme un surnom donné, pourrait très vite être confondu avec une marionnette voire une personne. Le Monty-lieu revêt des formes anthropomorphes et un rôle de médiateur extraordinaire. Mais bien évidemment, derrière chaque marionnette, réside, tapi dans l’ombre, son marionnettiste.




PIERRE


Pourtant, le lieu ne peut pleinement exercer une fonction de médiateur qu’avec la présence de Pierre Seraille, s’occupant lui-même de la médiation de celui-ci depuis bientôt deux ans. Lorsque la question suivante lui a été posée : “Si vous n’étiez plus au Monty, qu’est-ce que cela changerait?”, sa réponse incluait irrémédiablement la mise en place d’un.e autre médiateur.rice, plutôt que de laisser le lieu exister sans quelqu’un pour reprendre cette fonction. Se considérant personnellement comme “un pion parmi les pions”, Pierre a tout de même un rôle important à l’intérieur de l’asbl du Monty, puisque son absence totale, même temporaire, mettrait bien des animations en difficulté. Bien entendu, il n’est pas la seule personne travaillant pour rendre le Monty accessible, puisqu’une trentaine de bénévoles est à ses côtés pour l’aider.


Mais concrètement, que fait Pierre en tant que médiateur?


Au Monty, Pierre s’occupe de la médiation culturelle. Tout d’abord, il faut comprendre qu’il agit comme un organisateur de projets que des associations, des asbl, des bénévoles, des citoyen.ne.s veulent mettre en place. Parfois, il est aussi spectateur aux événements tels que les concerts, les spectacles, etc. Selon lui, un.e médiateur.rice parfait.e est une personne militante qui peut créer du lien entre des personnes (qui se connaissent ou non) tout en étant capable de faire fi de ses propres convictions.

Pourtant, la question de la neutralité fait débat: existe-t-elle réellement? Chaque médiateur.rice qui travaille au Monty amène son propre public et accepte les activités qui répondent à ses valeurs personnelles. L’idée, au Monty, est surtout d’accepter la multiculturalité, c’est-à-dire d’être un lieu où chacun.e peut s’exprimer sans peur de jugement. Il ne s’agit pas, pour Pierre, d’effacer sa propre culture, mais plutôt de laisser de la place aux autres au sein du Monty, tout en acceptant seulement les projets qui respectent les valeurs du Monty, au cœur de l’éducation permanente : la mixité sociale, l’intégration d’un public en difficulté, l’inclusion, l’ouverture aux autres et au monde … De plus, Pierre exécute son rôle de médiateur de façon à avoir une grande diversité sociale au Monty. Grâce à ses contacts dans la ville, il peut créer un lien entre une population fragilisée et le Monty. Il s’efforce de ne pas imposer une certaine culture, qui est la sienne, au Monty mais plutôt de laisser une ouverture, pour favoriser des rencontres entre différents groupes sociaux de Genappe. Par son réseau, Pierre contribue à la diversité socio-culturelle du Monty.

Sa présence le jour de chaque événement n’est pas toujours indispensable. C’est lors de sa préparation et de son organisation qu’il sera le plus actif. A titre d’exemple: les tables de discussions autour de la permaculture qui ont lieu les dimanches matins. N’étant pas un grand amateur de ce sujet, Pierre n’est pas en mesure de les animer, et il n’en a d’ailleurs pas l’envie. Pourtant, c’est bien lui qui les a rendues possibles. Même pour un projet qui ne l’intéresse pas personnellement, il est présent du début à la fin, en mettant les citoyen.ne.s motivé.e.s en contact, en diffusant le programme sur les réseaux, en mettant à disposition le lieu, en vérifiant que tout se passe bien. En tant que médiateur, c’est donc son rôle d’aider les personnes à réaliser ce qu’elles veulent amener au Monty, qui ne peut vivre qu’avec ces différents projets.


Et le covid dans tout ça?


La pandémie mondiale qui persiste depuis maintenant plus d’un an a eu un réel impact sur la médiation qui s’effectue au Monty. A l’intérieur même de l’équipe de bénévoles qui aide Pierre s’est produite une mouvance très intéressante. Avant le covid, les bénévoles étaient surtout des ami.e.s de Pierre: ils l'aidaient dans son travail de gérant et d’organisateur d’ activités. Après le covid, beaucoup de ces bénévoles sont partis, mais des bénévoles qui avaient vraiment besoin de s’investir sont resté.e.s ou sont venus s'ajouter à l’équipe du Monty. Citons par exemple Niki, qui s’occupe régulièrement du bar. Apporter son aide au Monty lui a permis de retrouver une stabilité dans sa vie; elle a fait de nouvelles connaissances, a découvert des artistes de chanson française en étant présente aux concerts les samedis soirs, elle vient parfois avec ses petits enfants… Ce sont les richesses que lui apporte la participation aux différents projets dans le Monty qui l’a poussée, elle ainsi que d’autres bénévoles, à vouloir investir ce lieu, aux côtés de Pierre, qui en est donc le médiateur. Pourtant, le Monty ne serait pas non plus ce qu’il est actuellement sans ses usager.ère.s, les membres du public qui se rendent sur place et continuent à proposer de nouvelles activités, qui incitent toujours plus d’échanges et de créativité.


LES USAGER.ÈRE.S

Que serait le Monty sans l’investissement de ses usager.ère.s ?


En effet, la participation active de la population de Genappe fait partie intégrante de l’ADN de ce tiers-lieu unique. Ces citoyens et citoyennes, par leur force de proposition et d’engagement, peuvent à leur tour jouer le rôle de médiateur.rice culturel.le.

D’abord, il est nécessaire de préciser la place des usager.ère.s dans le Monty. Le Monty étant un tiers-lieu, l’endroit est ouvert à tout le monde, créé pour cultiver la créativité, les initiatives citoyennes et pour partager les compétences locales. C’est aussi un lieu participatif, où chaque personne peut s’investir comme elle le veut. Les usager.ères sont donc au cœur du projet du Monty.

Mais comment faire pour créer un projet en tant qu’usager.ère?

Lorsque l’on souhaite proposer une idée au Monty, il suffit de se diriger vers Pierre ou un autre bénévole. À partir du moment où les valeurs du centre culturel sont respectées, le projet proposé a très peu de chances de ne pas aboutir. Penchons-nous sur un exemple: Peter est un habitant de la cité des Crawannes, il est un grand joueur d’échecs, mais il n’avait nulle part où jouer dans les alentours de Genappe. Alors, il en a parlé à Pierre, qui lui a dit que cela pouvait s’organiser, mais c’est Peter lui-même qui doit s’en charger. Les après-midi jeux de société voient donc le jour en août 2021! Cette activité aide beaucoup Peter dans sa réinsertion: il voit des gens une fois par semaine, il peut pratiquer son jeu préféré, et même le transmettre aux enfants qui viennent après l’école! L’un des objectifs du Monty étant de favoriser une mixité sociale, la mission est réussie.

Cet exemple illustre à quel point les usager.ère.s du lieu ont la liberté d’organiser diverses activités et événements. Ces citoyen.ne.s créatif.ve.s participent alors à leur manière à la médiation culturelle du centre. Cette participation ouverte et active est une vraie opportunité pour le Monty étant donné qu’il s’offre la possibilité de toucher d’autres publics, et de diversifier ses activités.






CONCLUSION


Cependant le futur du Monty est incertain, car les tiers-lieu ne sont pas reconnus en Belgique. Sans financements, le médiateur ne pourrait pas continuer à faire fonctionner cet endroit et la flamme même du lieu viendrait à s’éteindre. Nous espérons que leurs recherches de financement seront fructueuses, pour permettre au lieu de continuer à vivre !




Article écrit par Delphine Chapelier, Emma Fontaine, Henri LeBlanc, Margaux D'Hont, Laura Leeuwe, Natasha Daix, Wendy Garcia et Laure-Anne Dumortier




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